Vivre en esclavage

Andrèj sorti une liqueur légèrement fruité et en versa deux verres avant de retourner au canapé, tendant son verre à Arhald.

Arhald le remercia, s'asseyant non loin en profitant de son verre. Il sourit:"Bien, vous n'aimez pas parler de sexe et je le respect, du coup, nous ne pouvons pas non plus imaginer votre compagnon idéal, impossible de parler d'amour car vous ne l'avez jamais ressenti alors dites-moi, d'homme à homme avec un bon verre, quels sont vos rêves ?"

Andrèj rit: "Tu as toujours de grandes questions, c'est fatiguant ! Et pourquoi tu voudrais imaginer mon compagnon idéal ? Pourquoi on s'intéresserait à moi en fait ? Quant est-il plutôt de toi, puisque tu m'as si bien fais comprendre que tu sautais tout ce qui bougeait."

Arhald pouffa de rire:"Je ne vais pas m'intéresser à moi-même, c'est normal que je vous pose des questions à vous. On en apprend beaucoup sur les gens en découvrant quel est leur compagnon idéal. L'amour, ça dévoile les faiblesses mais ça donne aussi une force incomparable..."

"Et sachez, monsieur, que je ne saute pas tout ce qui bouge ! J'ai du coucher en tout et pour tout avec 2 filles et 3 garçons !"

Andrèj arqua un sourcil, toujours sur un ton léger cependant: "Non, ce n'est pas normal qu'un esclave questionne son Maitre."

Arhald sourit, charmant:"Questionner son maître, pas forcément, apprendre à connaître un homme, pourquoi pas. Je veux dire, tant qu'il reste ce respect entre nous, qu'est ce qui nous empêche d'en apprendre plus l'un sur l'autre pour mieux se comprendre ? Ça évitera sans doute des mal-entendus à l'avenir. On s'apprécie au travail, on sait qu'on ne deviendra pas ami car je vous appartiens mais on peut quand même discuter de façon agréable. Si on ne boit pas ensemble pour échanger, partager, à quoi bon boire ?"

Andrèj soupira légèrement: "C'est vrai qu'on ne boit pas avec son Maitre non plus. Mes rêves... hm..."

Arhald lui sourit:"Vous avez dit que votre vie vous satisfait, ce qui est une bonne chose évidemment mais je suis sûr que vous avez des objectifs à longs termes, des rêves qui vous donnent envie de vous lever le matin et d'avancer quand ça ne va pas. Alors, quels sont-ils ?"

Andrèj: "Me détacher de ma famille. Ne pas être reconnu par mon nom de famille mais par mon travail."

Arhald hocha la tête:"C'est un bel objectif. J'espère que vous y parviendrais. Dans quelle branche travaille votre famille ?"

Andrèj: "Hôtellerie. Je suis d'ailleurs sur les plans du prochain à construire."

Arhald sourit:"C'est une bonne idée, s'il est original, c'est vous qui ferez briller la famille ! En tout cas, c'est bien de ne pas être dans le même domaine, c'est moins facile de dire que vous avez "tout tiré de votre père" quand vos professions n'ont rien en commun, aucun risque de vivre dans son ombre"

Andrèj rit légèrement: "C'est ma sœur qui récupère la chose de toute façon. Elle est mon ainée."

Arhald demanda:"Vous vous entendez bien avec elle ?"

Andrèj hocha la tête: "Très bien, pas de soucis de ce côté la."

Arhald sourit:"C'est une bonne chose, c'est important d'avoir quelqu'un sur qui on peut compter... Et ça vous va, à vous, qu'elle épouse un homme qu'elle n'aime pas juste parce qu'on lui demande ?"

Andrèj sourit: "Si ça peut te rassurer, elle le trouve très charmant pour l'instant. Du coup... ça va."

Arhald rit légèrement:"Dis comme ça. Vous me direz, Aerwan m'a dit que leurs rendez-vous se passaient bien alors j'imagine que ça pourrait faire un mariage correct"

Andrèj hocha la tête: "Tout à fait. Ils ont l'air d'avoir des points communs et apprendront à s'apprécier au fil du temps ! Ce sera peut-être même un coup de cœur comme tu dis, au final."

Arhald lui sourit bien qu'il espérait pour Aerwan que ça n'en devienne pas un. Quoi que, valait-il peut-être mieux qu'une histoire naisse entre ces deux Melekshin et qu'Aerwan s'efface sagement....

"Et vous, pas de fiancée à l'horizon ? A moins que ce ne soit obligatoire que pour l'enfant héritier... Je ne connais pas bien vos mœurs dans ce domaine. Maximilian était enfant unique alors la question ne s'est jamais posée"

Andrèj hocha la tête: "C'est effectivement moins important pour moi mais mes parents se font une joie de discuter mon manque d'histoire amoureuse. J'en serais presque à trouver n'importe quelle Melekshin pour qu'on me fiche la paix."

Arhald pouffa:"Je compati, ça doit être terriblement gênant d'être au centre de l'attention comme ça. Du coup, les mariages sans amour vous servent uniquement à faire des enfants pour reprendre votre fortune et continuer la gloire familiale, c'est ça ? Alors, pas moyen d'épouser un homme ?"

Andrèj cligna des yeux, presque choqué de la question, alors qu'il était plutôt surpris qu'il ne sache pas ça: "Légalement, rien ne l'empêche il me semble. Mais c'est extrêmement mal vu. Tu vois comment Maximilian a été traité ? Ce serait pire. La notion de famille et de prospérité est extrêmement importante dans cette société, comme tu l'as toi-même souligné. Ce serait presque criminel d'aller à l'encontre de ces valeurs...Aucun Melekshin sains d'esprit aurait l'idée de s'aventurer sur un tel chemin."

Arhald grimaça:"C'est tellement dommage ! J'imagine que ça empêche de se lier aux hommes quand on en est un ou aux femmes lorsqu'on en est une de peur de développer de véritables sentiments amoureux qui n'aboutiraient à rien sauf à la disgrâce... C'est triste quand même... Du coup... les rapports sexuels de cette nature sont tabous aussi ?"

Andrèj sourit légèrement: "Pourquoi penses-tu que la prostitution fonctionne si bien ? Personne ne te dira qu'il a passé la nuit avec un prostitué...Ou une prostituée. Un escorte à la limite. Tout ce qui est un tant soit peu déviant de valeurs familiales, on le retrouve la-dedans."

Arhald cligna des yeux, vraiment choqué:"Sérieusement ?! Mais c'est stupide comme fonctionnement ! Tout le monde ou presque y a recours et quand ce n'est pas la prostitution, les Melekshins violent leurs esclaves ! Dire que je vous prenais pour de gros pervers, en fait vous êtes surtout des frustrés... Putain, quand je pense qu'autant des miens douillent pour... si peu. C'est aberrant... Le sexe et l'amour, c'est génial, ça ne devrait faire de mal à personne, ça devrait être un moment de liberté pour tous."

Malgré ces mots comme "pervers" et "frustrés", on sentait bien dans sa voix qu'Arhald ne cherchait pas à insulter les Melekshins et certainement pas Andrèj, il était surtout touché par le sort que ça faisait subir aux siens, et trouvait que tout ça était un beau gâchis.

"Finalement, nous sommes peut-être ceux qui prenons le plus de risque à ce niveau là... Quand je pense que j'ai chéri et aimé la même femme pendant presque 10 ans"

Andrèj sourit légèrement en l'observant avant de se concentrer sur son verre. Il dégageait trop de passion ce jeune homme !

Arhald croisa les bras et soupira:"Vraiment, pour la race dominante à qui tout réussi, je trouve que vous vous pourrissez bien la vie... J'ai l'impression qu'il y a autant de pression chez vous que chez nous. Bon, chez vous ça fini en rejet de la société et chez nous en mort plus concrète mais honnêtement, je ne sais pas si c'est mieux chez vous"

Il se centra un peu sur son verre, perdu dans ses souvenirs:"Je hais la condition d'esclave mais j'aurai au moins pu croiser le chemin de cette femme là et ça en valait la peine..."

Andrèj sourit légèrement: "La femme de ta vie ?"

Arhald haussa les épaules:"Elle aurait pu l'être si elle n'avait pas été détruite, emportant avec elle une part importante de ma foi en l'amour"