Vivre en esclavage

Andrèj se redressa pour aller chercher quelque chose à boire. Du vin, pourquoi pas !

"Sans toi ou ta profession, mon imagination s'arrête à ça."

Arhald hocha la tête:"En effet, mais beaucoup de ceux de ma profession ne saurait pas quoi bâtir sans vos plans. C'est un travail d'équipe, je pense. C'est pour ça que je l'aime bien, en général, ça m'a permit de travailler dans une forme de respect mutuel et de côtoyer quelques personnes très inspirées"

Andrèj rit en se versant son verre. "En général", "Quelques",... est-ce qu'Arhald voulait lui faire passer un message et lui dire qu'il ne faisait clairement pas partis de cette catégorie ? Qu'il n'aimait pas travailler avec lui ?

ça... ne lui ressemblait pas. Il était plus direct que ça que d'habitude ? Ou c'était le sentiment qu'il avait.

Arhald demanda, étonné:"Qu'est ce qu'il y a de drôle là-dedans ? Que j'ose vous dire que beaucoup de vos collègues ne sont pas inspirés et reproduisent ce qu'ils ont appris dans leur manuel en 1er année d'étude et pensent qu'il est évidemment super facile de le réaliser sans pour autant avoir une seule idée des matières qu'il faut employer et des techniques pour ce faire ? Je suis sûr que vous l'avez déjà constaté"

Andrèj hocha vaguement la tête: "Hm, c'est drôle aussi. J'étais intrigué par le choix de ton vocabulaire. Avec qui as-tu préféré travailler ?"

Arhald y songea un instant:"Il y avait pas mal de personnes très correctes mais peu de très bonnes. Bon, je n'ai vu que de petits projets de vous mais j'aimerai bien bosser sur plus important genre une structure entière, afin de mieux cerner votre style qui semble assez différent. C'est ça qui est intéressant d'ailleurs, ceux qui ont un style, une véritable pensée"

Il lui cita quelques noms, pas forcément les Melekshins les plus connus ni les plus appréciés de leurs pairs mais ceux avec une véritable âme d'artiste.

Andrèj sourit légèrement: "Malheureusement, ça ne vend pas toujours. Mais tu as bon goût je dois dire."

Arhald haussa les épaules:"Votre société est tournée sur le profit, l'efficacité et du coup une certaine forme d'uniformité. Ça ne laisse pas beaucoup de place à la différence, à l'artistique. C'est pour ça que les trois quarts des créations artistiques viennent des esclaves et qu'on est assez fiers de cette culture là, qu'on tente de la garder avec nos vêtements et coiffures qui vous semblent souvent étrange. Dans le peu de nos libertés, j'ai parfois l'impression qu'on ose plus chez nous"

Andrèj sourit après avoir prit quelques gorgées de son verre, pensif: "Tu oses en particulier mais c'est une théorie intéressante."

Arhald sourit:"Je ne suis pas le seul à oser. Beaucoup tentent de le faire avec plus ou moins d'assurance et de réussite. Quand vous tentez des projets, si vous vous plantez, vous risquez des pertes économiques. Ce n'est que de l'argent, même si ça fait tellement tout chez vous que la ruine fait cesser d'exister la personne, j'ai vu comment on traitait Maximilian après que ça faillite ait été connue. C'était assez glauque... Chez nous, oser, c'est souvent vu comme un acte de rébellion et on y perd la vie, on en a qu'une, ce qui rend nos actions plus diffuses, plus discrètes..."

Andrèj soupira légèrement: "Je me demande comment tu es encore en vie d'ailleurs."

Arhald en fut surpris:"Pourquoi ça ? Que croyez-vous que j'ai pu faire qu'il vaille qu'on me tue ?"

Il rit:"Vous savez, j'ai toujours respecté les professeurs, les maîtres à qui on louait mes services, les autres collègues esclaves. Je n'ai jamais causé de problèmes de bagarre et mes histoires personnelles n'ont jamais étaient rendues publiques et dérangeante. Vous avez constaté vous-même que je travaille bien, je finis souvent en charge du projet. Les gens me font confiance pour le travail et respectent mes capacités, ça suffit j'imagine pour qu'on accepte parfois quelques attitudes... N'imaginez pas qu'on ne m'ait jamais réglé mon compte mais une fois fait, on repartait sur de bonnes bases et voilà... Je suis plus intéressant vivant qu'emmerdant, c'est ce que disait Maximilan"

Andrèj hocha la tête: "J'imagine que je vais me joindre à cet avis. Ton travail sauve ton attitude d'emmerdeur."

Arhald lui sourit:"C'est ça, oser. Oser devenir assez bon pour être intéressant, oser être assez impertinent sans être trop gênant. J'obéis, je suis les règles, les codes, ça ne veut pas dire que je dois cesser d'exister en tant que personne. On n'a pas brisé ma personnalité, je compte donc en profiter tant que je peux. Je pourrais le cacher et jouer le parfait esclave sans cervelle, ça sauverait peut-être ma peau plus longtemps mais je suis plus intéressé par l'idée de vivre et profiter au maximum que celle de survivre sans passion aucune"

Andrèj n'eut pas l'air de réagir à son discours, hors mis peut-être un léger trouble ainsi qu'un peu d'agacement au départ... Mais intérieurement, le Melekshin avait l'impression de s'être pris une claque ! Ces paroles avaient résonné en lui, ce qui était absurde mais pourtant vrai...Inconsciemment, il serra d'avantage sa main autour de son verre et le fit... exploser.

L'agacement ayant prit le dessus sur le trouble, Andrèj grimaça en observant les dégâts; débris de verre partout et main en sang. Il jura et parti pour la salle de bain, ordonnant un peu agressivement à Arhald de nettoyer.

Arhald sursauta mais obéit rapidement avant de le rejoindre dans la salle de bain:"Tout va bien ? Vous avez besoin d'aide ?" ça pouvait faire super mal la main et si c'était sa main directrice, il risquait de galérer à la nettoyer.

Qu'est ce qu'il lui avait prit ? Etait-il en colère de l'honnêteté d'Arhald ? Tant pis !

C'était le cas, il allait surtout galérer à travailler après ça puisqu'il dessinait avec cette main ! Bien qu'une grande partie était numérique de nos jours.

Andrèj grimaçait en retirant les petits éclats de verre de sa main, grognant: "ça va..." Il passa ensuite sa main une nouvelle fois sous l'eau avant d'essayer de désinfecter comme il fallait.

Arhald soupira légèrement en le voyant faire:"Laissez-moi vous aider, vous n'y arriverez pas"

Il repoussa gentiment son autre main et s'occupa de lui.

Andrèj se laissa faire en grimaçant: "Tu es insultant, j'aurai pu le faire."

Arhald lui sourit doucement, amusé:"Je ne vous insulte pas, je vous aide. La main c'est douloureux et très incommode"

Il lui nettoya donc la main correctement, désinfecta et vérifia l'état de la blessure.

Andrèj soupira légèrement lorsqu'il eu finit, ça allait être effectivement très embêtant. Il le remercia rapidement avant de ranger ce qui avait été utilisé.

Arhald lui sourit légèrement:"Bien bandée, ça devrait aller niveau douleur et cicatrisation, mais vous aurez du mal pour tout ce qui est le dessin... Vous n'aviez pas quelques jours de congés sous le coude ?"

Andrèj: "Je n'ai aucune envie de prendre des jours de congés. ça ira très bien comme ça."

Arhald haussa les épaules:"Vous aurez sans doute quelques difficultés mais j'espère que ça ira. Ne forcez pas trop en tout cas, ça serait contre productif et la main, c'est fragile"

Il lui sourit légèrement:"Il se fait tard. Allez vous reposer, bonne nuit Maître Andrèj"

Andrèj soupira, légèrement irrité: "Je me suis juste blessé la main, ça va ! Je ne suis pas en danger de mort."

Arhald rit légèrement:"Je sais, blessé et irrité, je le vois, mais justement, vous avez beaucoup travaillé aujourd'hui, vous êtes crevé, en tout cas, moi, je le suis, alors je vous souhaite une bonne nuit"


Il lui sourit et fila.

Andrèj le suivit avant d'aller jusqu'au salon: "Bonne nuit."

Arhald lui rendit le bonne nuit et fila s'écrouler sur son lit où il dormit comme une souche, il était totalement KO !

Andrèj passa un peu de temps dans le salon avant d'aller dormir. Au lendemain, il était levé tôt, prêt et frais, pour sortir travailler.

Arhald le rejoignit un peu avant ses horaires de travail, habillé également pour continuer ses travaux. Il lui demanda comment il se sentait.