La danse, seule liberté dans un monde de dictature

Les flics hochèrent la tête:"Mais évite de te faire frapper, il est sacrément énervé..."

Haize se releva avec difficultés, il avait mal partout. Pourtant, il afficha un large sourire en le voyant de l'autre côté des barreaux. Il murmura:"Alors tu t'en vas"

Théo sourit légèrement et caressa son visage en passant une main à travers les barreaux: "T'avais pas à faire ça..."

Haize lui sourit doucement:"Mes parents sont morts pour la liberté, j'essaye de suivre leurs traces... à ma manière. Ils ne m'auraient jamais laissé sortir. Je m'assure simplement que tout ira bien pour toi"

"Essaye de ne pas trop me descendre auprès de ceux de la compagnie. J'ai vraiment adoré danser avec vous, avec toi surtout"

Théo sourit: "J'garderais ta place au chaud..." Il lui fit un clin d’œil et se décida à partir bien qu'il était mal pour Haize. Il ne méritait pas ça...

Haize sourit et le regarda s'en aller, songeant qu'il l'aurait bien embrassé... OO Quelle idée! Il pouffa et retourna s'assoir sur le lit. Maintenant que Théo était hors de danger, il devait s'occuper de son propre cas...

Il avait essayé d'être un garçon normal mais quoi qu'il fasse, on le ramenait à son héritage d'opposant politique. Les flics lui avaient apportés son héritage, il devait en faire bon usage. Il regarda la photo de ses parents, qu'auraient ils fait à sa place?

Haize y songea un moment, ne voyant vraiment pas d'idée. Son père avait été exécuté et sa mère assassinée... Ils n'étaient pas vraiment là pour l'aider.

Il fit la moue en se souvenant de ses discussions avec sa mère, elle l'avait aidé à trouver son nouveau nom: Haize, espoir dans une langue de l'Est. Espoir? Il grimaça. Elle espérait pour lui qu'il vive, pas qu'il croupisse derrière les barreaux à 18 ans à peine...

Non, il ne devait pas croupir derrière les barreaux. Damien Stein était le fils des plus grands résistants politiques de l'époque, Haize Eriel était un danseur qui voulait transmettre la vie et l'espoir aux gens. On ne pouvait pas danser derrière des barreaux. Il allait donc... se barrer!

Grâce au bordel fait par Haize et l'avocat qu'il avait engagé pour libérer sa mère, le peuple avait été mis au courant de l'affaire de l'assassinat en prison. Autant dire que ça ne plaisait pas du tout aux autorités car ces déclarations avaient réveillé les gens à l'esprit rebelle. Les Stein étaient des icônes des opposants politiques.

Haize était presque devenu, malgré lui, un personnage publique. Ce qui avait eu le désavantage de pousser les policiers à le massacrer régulièrement pour toutes les informations qu'il dévoilait. Seulement, parmi ses informations, il balança qu'il était en prison pour l'accident d'une statue alors qu'il ne conduisait même pas. L'affaire était ridicule, l'opinion publique fit pression sur le gouvernement pour qu'ils le transfèrent dans une prison plus cool, le temps d'examiner son cas.

C'est lors de ce transfert, deux mois jours pour jours après son arrestation, qu'Haize décida de s'enfuir. On avait tout organiser de nuit pour éviter que des opposants n'apprennent son transfert et essayent de le libérer. A cause de ses blessures, il avait simulé une grave crise. Forçant les policiers à s'arrêter sur le bas côté de la route.

Tout s'était alors passé très vite, ils l'avaient détaché pour pouvoir le calmer et éviter qu'il ne se blesse trop et l'un d'eux s'était éloigné pour téléphoner. On captait mal le réseau dans cette zone de la ville.

Haize avait alors surgir d'un coup sur l'autre garde pour l'assommer et s'était enfuit...

Les flics, paniquant de se que leur ferait leur hiérarchie, avaient mis un moment avant de rapporter ce qu'il s'était passé... Le commissariat décida de ne pas ébruiter l'affaire pour éviter que le dictateur ou le public ne soient au courant. Autant dire que peu de monde recherchait Haize!

Haize s'était fait aider de son avocat. Il comprenait parfaitement les raisons qui le poussait à fuir. Le Gouvernement avait prévu de le faire assassiner lors d'un terrible "accident" de la route lors de son transfert et s'était en voulant intervenir que son avocat l'avait retrouvé sur le chemin et donc pris en voiture avec lui.

Il lui avait donné un peu d'argent et lui avait conseillé de se faire oublier, le temps qu'il essaye de trouver comment l'aider au mieux.

Haize s'était donc acheté de quoi manger dans une supérette de quartier mais également de quoi se teindre les cheveux en brun, cheveux qu'il avait ensuite coiffé différemment. Ça ne lui sauverait pas la mise si les flics se retrouvaient face à lui mais ça lui permettait de se fondre dans la masse un moment.

Il était ensuite rentrer chez lui. L'appartement était sous scellé mais n'avait pas été vidé, les policiers n'avaient sans doute pas encore eu le temps. Il récupéra les affaires dont il avait besoin pour vivre et parti en ville, ne sachant pas trop quoi faire...

Passer de danseur qui commençait à se faire connaitre dans une brillante compagnie à fuyard en deux mois, ce n'était pas évident!

A force d'errer, il se retrouva dans la salle où la compagnie s'entrainer. C'était tôt mais il pu entrer grâce au gardien qui, a moitié sénile, n'avait pas eu vent de l'affaire.

Il soupira en regardant les lieux, il y avait vécu des moments extraordinaires... Profitant que personne ne soit encore là, il se mit à danser, danser et danser encore. Comme s'il avait deux mois à rattraper et voulait prendre de l'avance sur le temps à venir.

La danse fit un bien fou à Haize qui ne se rendit pas compte de la présence de Théo. Il se dépensait, il vibrait, il revivait enfin et s'amusait, rêvait.... Brillait en parfaite harmonie sur la musique.... Malgré son sourire, les larmes roulaient sur ses joues. Il allait tout perdre...

Théo sourit légèrement et le rejoignit dans sa danse, subtile et en parfait accord avec lui.

Haize afficha un sourire encore plus large en voyant Théo se joindre à lui. A la fin de la musique, il se jeta sur lui, dans ses bras:"Théo!"

Une présence amicale lui avait tellement manqué...

Théo rit et le serra dans ses bras:" Quel accueil ! Bon retour chez toi Haize." Il sourit et se desserra légèrement de son étreinte pour pouvoir l'observer: "Comment ça va ?"

Haize haussa les épaules:"Pas terrible... T'as vu, j'ai même du changer de couleur de cheveux alors que j'en étais si fier..."

Il rit légèrement avant de faire la moue:"Ce n'est pas un retour non, mais un adieu"

Théo sourit légèrement et passa une main dans ses cheveux: "Ou est-ce que tu comptes aller ?"

Haize haussa de nouveau les épaules:"Je n'en ai pas la moindre idée, seulement éviter de retourner en prison. Qu'est ce que tu fais ici?"

Haize fit la moue:"J'suis vraiment un fuyard amateur, si tu as deviné que j'étais ici, les flics pourraient également vite le deviner"

Théo, se rendant compte qu'il l'avait toujours dans ses bras, le lâcha: "Ou que tu ailles, ils te retrouveraient. A moins que tu te caches quelque part que tu ne connais pas encore."

Haize grimaça, autant par ce qu'il disait que pour avoir été lâché:"Je ne vois pas trop où aller, mais si j'avance à l'aveuglette, ils ne pourront pas me retrouver par logique..."

Théo hocha la tête avant de sourire, taquin: "J'te dirais bien de venir chez moi mais... Tu m'as fais sortir de la et je n'aurais pas d'excuses si je cache à fugitif."

Haize hocha la tête:"En effet, je ne veux pas t'attirer d’ennuis..."

Théo rit et le poussa:" T'es con ! Allez, viens chez moi. Tu n'as qu'à te dire que c'est ma façon de te remercier pour ce que t'as fais."

Haize cligna des yeux:"En fait t'es réellement inconscient oo Et s'ils me trouvent chez toi? T'y a pensé à ça? Tu seras dans une merde noire"